Test DxO Optics Pro 8

DxO Optics Pro en version 8 vient succéder à la version 7. Cette dernière nous avait apporté, entre autres (et après une longue attente), la gestion native du 64 bit et de l'accélération OpenCL. Et avait du même coup corrigé l'un des gros reproches jusqu'alors formulés à l'encontre du logiciel, sa lenteur. 

Optics Pro 8 part donc d'une base techniquement intéressante, bien qu'un petit détail nous chiffonne: un message expliquant les intérêts d'une mise à jour mentionne la désactivation de l'accélération GPU pour les configurations 32 bit, à priori à cause d'un trop grand nombre de bugs dans cette association. Espérons que la chose soit rétablie rapidement. 
 
 


Mise à jour: 
DXO a éclairé notre lanterne quant au retrait de l'accélération GPU pour les systèmes 32 bit. En voici la synthèse:
- Le screenshot ci-dessus est consécutif à une mise à jour entre deux versions beta...
 
- L’accélération GPU a en bien été retirée pour le 32 bits, particulièrement parce que le logiciel a besoin de plus de mémoire pour les nouvelles fonctionnalités (particulièrement l’impression)
- DXO ne souhaitait donc pas livrer un outil instable à ses utilisateurs.
- Il ne s'agit donc pas de contourner des bugs à proprement parler.

De plus:
- Si l'accélération GPU est désactivée, l'OpenCL est toujours disponible
- L'accélération GPU concerne la prévisualisation
- L'OpenCL sert à la prévisualisation ET à accélérer le traitement par lot, ce qui permet des gains de performance conséquents avec une carte graphique puissante. 



 

Smart Lightning

C'est la fonctionnalité mise en avant par DxO pour la sortie de Optics Pro 8. Smart Lightning vise à récupérer les zones surexposées et sous-exposées, de manière automatique ou personnalisée.

Cette fonctionnalité est activée dans le traitement par défaut opéré par le logiciel. Pour l'utiliser, on choisit soit un niveau d'intensité pré-réglé (léger / moyen / fort), soit de choisir "personnalisé". Dans ce dernier cas on utilisera le curseur d'intensité jusqu'à satisfaction. Voyons comment elle fonctionne, par l'exemple.



Prenons une photo de nuit, avec un éclairage urbain assez fort. La première image est brute, sans aucune retouche. Les zones claires sont très claires, les sombres très sombres. Normal. 



Si on règle le Smart Lightning sur "léger", on obtient ceci:



En passant sur "moyen" on arrive à ceci:



Et sur "fort", voici le résultat:



Comme on le voit, l'action agit surtout sur les zones sombres. L'image est considérablement éclaircie dans l'opération, et les zones claires sont (très) légèrement récupérées. Un petit zoom sur une zone claire, sur l'original d'abord, puis sur la même zone traitée par Smart Lightning en intensité moyenne:

Sans Smart Ligntning:



Puis avec:



On voit les zones surexposées sont, dans ce cas précis, très (trop) légèrement récupérées... Pour parfaire le tableau, on ne pourra pas se contenter du seul traitement Smart Lightning, il faudra le compléter par un autre outil mis en avant par la communication de DxO, le menu "Tonalités sélective".

Attention, ceci ne signifie pas que Smart Lightning ne sait pas traiter les zones claires. Le premier exemple était un peu extrême... L'exemple ci-dessous (l'entrée de Tokyo Disney Sea) est plus courant. Un paysage en plein jour, et en plein soleil. Les contrastes sont donc très marqués, le ciel un peu blanc, les bâtiments et la végétation un peu sombres. Smart Lightning arrive très facilement à rééquilibrer l'ensemble. Certains diront que l'image traitée manque de contraste... un détail qu'il appartiendra à chacun de régler à son goût avec les outils dédiés:

Sans SmartLightning:



AvecSmartLightning (Moyen):



Dans l'ensemble, SmartLightning travaille de manière équilibrée. Il débouche, récupère... mais ne fait pas de miracles avec les scènes trop contrastées. Ce n'est pas sa raison d'être. Pour pousser plus loin le traitement des zones sombres ou claires, on pourra utiliser la fonction "Tonalité sélective".

Tonalité sélective

Les utilisateurs de Lightroom se retrouveront là en terrain connu. On retrouve en effet les 4 curseurs permettant de régler les hautes lumières, les tons moyens, les ombres et les noirs. Quatre tirettes, comme chez Adobe, et avec les mêmes effets. Et c'est tant mieux... l'outil est en effet très pratique. 
L'exemple précédent est assez intéressant en ce qui concerne la récupération des hautes lumières.

 




En réduisant les hautes lumières, on arrive à récupérer totalement l'affichage des tarifs (vous noterez au passage que garer sa voiture à Tokyo coûte une fortune). Le résultat est convaincant... à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer. Bien entendu ce résultat dépendra principalement de la dynamique de votre capteur.
Couplé au Smart Lightning la Tonalité sélective permet d'atteindre facilement un résultat élégant.

Rendu des couleurs par défaut: chaud, et pas toujours juste

Dans sa présentation, DxO dédie quelques paragraphes à l'amélioration du rendu des couleurs. C'est un point qui nous tient particulièrement à cœur puisque c'est précisément l'un des aspects qui nous a toujours fait tiquer à l'usage d'Optics Pro.

Prenez la même image, ouvrez-la dans DxO Optics Pro, et dans Lightroom. Vous aurez deux rendus colorimétriques diamétralement opposés. Dans sa présentation DxO indique avoir travaillé sur le rendu des couleurs par défaut, et avoir affiné les choses... pour les EOS 5D, 5D MkII, 7D et pour les Nikon D90, D5000, D000, D700 et D3. Pas de chance pour qui possède un autre boîtier.

La capture d'écran ci-dessous devrait être assez parlante; Lightroom 4 à gauche, Optics Pro 8 à droite, les deux sur les rendus d'un RAW par défaut. 
 

Rendu très froid pour Lightroom 4, et très chaud pour Optics Pro 8. Difficile de se rappeler a posteriori qui détient la vérité... bien que le rendu DxO semble vraiment très chaud par défaut. L'image DxO est plus claire puisque par défaut le programme cherche à déboucher les ombres... nous n'avons pas modifié les réglages par défaut (seul le boîtier a été renseigné dans le module de gestion des couleurs).

Autre scène, autre éclairage... et là encore le rendu par défaut est très différent entre Lightroom 4 et Optics Pro 8. Optics Pro (autoréglages DxO par défaut) propose une image plus chaude, plus contrastée, aux couleurs plus chatoyantes: (dans l'exemple, Adobe en haut, DxO en bas)




Un dernier exemple, là encore en nocturne sous un éclairage approximatif. Et dans ce cas DxO propose une copie bien plus flatteuse par défaut: couleurs plus vives (mais sans exagération), image plus dynamique, détails plus nets: (là encore rendus par défaut, Adobe en haut, DxO en bas)




Trois exemples, et trois comportements très distincts. Difficile de dire, d'après ces exemples, quel logiciel s'en sort le mieux. Mais une constante se dégage: le rendu des couleurs par défaut de DxO est plus chaud, plus vif, et certainement plus flatteur. Plus juste ? Dur à dire.

Attention à un détail dans les exemples ci-dessus: par défaut DxO traite beaucoup de paramètres, y compris la netteté, la correction d'exposition. Si les images DxO semblent plus vivantes, c'est aussi, car Adobe en règle bien moins par défaut... deux approches là encore très différentes. 

Dans l'ensemble, nous n'aimons pas vraiment le rendu trop chaud par défaut sur la première image, mais nous apprécions la vivacité des rendus par défaut des deux dernières photos. Point de vue très subjectif, il est vrai... mais le rendu DxO est par défaut (sur ces deux exemples) plus flatteur.

Mais les différences de traitement d'un outil à l'autre peuvent parfois cacher de très grosses surprises. Un exemple avec les illuminations de la gare de Tokyo, et ses jolis dômes bleus... ou violets ? 

Rendu Lightroom 4:



Rendu Optics Pro 8:



Les dômes sont éclairés par des LED bleues. Mais à l'oeil nu, des reflets violets sont perceptibles, de sorte que les toitures sont plus ou moins violacées selon l'angle avec lequel on les observe. Légèrement... et comme toujours, tout est dans la nuance.

Chez Adobe le traitement est radical: tout est nivelé en bleu. Il subsiste bien quelques traces de violet, mais plus assimilables à des aberrations chromatiques qu'autre chose. 
Chez DxO c'est l'excès inverse, et le violet envahit une grande part des dômes.  A l'oeil la vérité est entre les deux rendus: la teinte du toit semble plus uniforme que chez DxO, mais plus légèrement teintée de violet... et plus subtile que chez Adobe. 

Un zoom sur le dôme permettra de bien visualiser le problème (Adobe en haut, DXO en bas): 


Travailler sur la gestion des couleurs 

Les rendus colorimétriques par défaut sont donc parfois aléatoires (tant pour LR4 qu'Optics Pro). Le dôme de la gare de Tokyo est assez parlant. Mais si on pousse un peu plus avant, on pourra rattraper le tout assez facilement. Le tout étant, bien sûr, d'avoir pris la peine de bien mémoriser la façon dont on percevait les nuances de couleurs à l’œil nu. .

Si par exemple, le bleu est plus vrai que le violet, La boîte "Lumière et couleur - avancé" permettra de recaler l'image sur des couleurs moins extravagantes. Pour notre dôme violet, il suffit de tirer la réglette Intensité vers la gauche pour que le violet fasse place à un bleu plus fidèle au réel. On pourra en prime utiliser la réglette Protection des couleurs saturées pour préserver textures et nuances sur des zones très saturées... autour de nos arrêtes violettes en l'occurrence. Le mode automatique est-il un véritable plus ? Difficile à dire puisqu'on finit toujours par ajuster le réglage au curseur...  

Ci-dessous, nos arêtes violacées retravaillées comme mentionné plus haut (intensité au minimum et protection des couleurs saturées poussé à 70); il reste quelques nuances de violet, mais discrètes. Et c'est l'ensemble de la toiture qui prend une teinte bleu-violet... plus conforme à la réalité. Le hic ne vient donc pas d'Optics Pro 8 proprement dit, mais de sa gestion par défaut parfois aléatoire. On peut adresser le même reproche à Adobe sur cet exemple précis. 



Au passage, on remarquera que la fonction de protection des couleurs saturées fait parfaitement bien son office... un petit coup d’œil sur le RAW originel est éloquent (voir ci-dessous, le dessin des tuiles du toit disparaît complètement dans le bleu autour de l'arrête du dôme). Mais comme nous l'avons vu sur les exemples précédents, cette récupération est également très efficace chez Adobe. Le bon point pour DxO étant, en l'occurrence, de faire au moins aussi bien que la concurrence: 



Notez enfin que pour affiner encore le traitement des couleurs on pourra utiliser le menu TSL, que l'on retrouve sous LR4 sous la même dénomination. 

Aberrations Chromatiques: un traitement efficace

Pour la sortie de Optics Pro 8 DxO indique que la gestion des aberrations chromatiques a été améliorée. Une excellente idée, surtout lorsqu'on utilise un capteur très défini. En effet, plus l'image est grande, plus les défaits sont visibles. Et avec un D800 par exemple, la moindre aberration chromatique devient énorme lorsque l'image est à 100%. Et au développement on passe vite un temps fou à corriger tout ceci. 

Sur des aberrations modestes, comme celle ci-dessous, le travail est fait. Et comme la correction de l'aberration est activée par défaut, l'utilisateur n'a rien à faire. 





Si l'aberration est plus prononcée, on pourra passer en manuel et modifier la taille et l'intensité de la correction pour arriver, facilement, à un résultat probant. Une seule petite critique... bien légère. La gestion des aberrations chromatiques nous semble plus intuitive chez Adobe. Les curseurs colorés permettent de cibler plus facilement tels ou tels types d'aberrations. Si elle est violette, on joue sur le violet, et idem si elle est verte. Et si on hésite, Adobe dispose d'une pipette spécifique à l'opération permettant de cibler très précisément quelle teinte traiter comme une aberration. Ci-dessous, à gauche, l'outil d'Optics Pro 8, et à droite celui de LR4. 

 Le débruitage, toujours parfaitement bien maîtrisé

C'est l'un des traditionnels points forts de DXO Optics depuis longtemps maintenant. Le débruitage est très performant, y compris dans les zones sombres souvent difficiles à traiter. Ici les textures sont préservées, et le bruit totalement éliminé. 

Image d'origine:




Image débruitée (réglages par défaut):

La netteté de l'optique, un autre point fort de DXO: 

L'autre domaine de prédilection d'Optics Pro est la fonction "Netteté de l'optique". Le logiciel arrive à récupérer une netteté assez spectaculaire, et sur des paysages comme celui ci-dessous, le gain est notoire. C'est appréciable quand on compte faire de la publication de grande taille, en ligne ou imprimée.

Le paysage d'origine:



Un zoom non traité:



Le même zoom, traité par "Netteté de l'optique":



La différence est spectaculaire, et à priori bien plus précise que la fonction similaire chez Adobe. 

Un gros manque: la retouche sélective

Au final, Optics Pro 8 offre un bon niveau de performances. Très bon même. Si on met de côté les sempiternelles discussions sur le rendu colorimétrique de certaines images, prises dans certaines conditions.

Mais in fine, de notre point de vue, le logiciel évolue par trop petites touches. S'il se positionnait plutôt bien en face de Lightroom 3, il peine à convaincre face à version 4 de l'outil Adobe. Le passage de la v3 à la v4 a été l'occasion pour Adobe de faire considérablement évoluer son logiciel, en lui greffant des modules vraiment intéressants, comme la gestion de la cartographie ou la réalisation de livres. Même si ces fonctions, il est vrai, ne sont pas essentielles au travail photographique. 



Il est par contre une fonctionnalité qui manque cruellement à Optics Pro 8, et dont il est difficile de se passer sous LR4: la retouche sélective. Si les ajustements de DxO sont pertinents, justes et efficaces, il s'appliquent à la totalité de l'image. Or il est souvent préférable de ne travailler que sur certaines zones de la photo. Par exemple de ne déboucher que certaines ombres, de n'éclaircir que telle ou telle partie, de n'accentuer la netteté que sur un visage... la retouche sélective est sans doute LE vrai gros plus de Lightroom, récemment introduit d'ailleurs, et de façon encore plus poussée dans Capture One 7 comme nous l'indiquions dans cette actualité. Un avantage, d'autant plus intéressant qu'il dispense de recourir à des outils comme Photoshop pour parvenir au même résultat.

Dans l'exemple ci-dessus, la division montre l'image avant (à gauche) et après (à droite). La table n'a pas été touchée, seul le contenu du bol a été travaillé: température, microcontraste, netteté, teintes claires, contrastes ont été modifiés. Pratique, rapide, efficace et économique... que demander de plus. Et il serait judicieux que DxO suive la tendance et s'intéresse autant à la façon d'appliquer les améliorations qu'aux améliorations elles-mêmes.
 

Points forts

Points faibles

Netteté de l'optique

Pas de retouche localisée (correction uniforme sur l'ensemble de l'image)

Excellent débruitage

Rendu des couleurs par défaut parfois trop chaud

Préservation des textures dans les zones saturées

Manque de fonctions annexes (épreuvage / géolocalisation / livres photo)

Modules optiques régulièrement mis à jour

 

Bon traitement par défaut (géométrie / vignettage / netteté)

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